Construit
en 1600 par un facteur d’orgue resté
inconnu, (peut-être s’agit-il
de Nicolas Niehoff qui construisit peu de
temps avant l’orgue voisin de Saint-Denis
à Liège ou de Florent Hoquet)
l’instrument s’adosse fièrement
à la grande muraille du fond de l’église
et culmine à près de 23 mètres
de haut. À divers endroits on retrouve
la date anno 1600 ainsi que diverses armoiries.
L’ensemble des buffets d’orgue
et galerie est entièrement sculpté,
polychrome et doré. On y aperçoit
des décors de faunes, bucranes, chérubins
et pointes de diamants. La couleur dominante
est un bleu assez soutenu, retrouvé
lors de la restauration. Sous
les buffets d’orgue se trouve l’ancien
jubé gothique qui était érigé
à l’origine à l’entrée
du chœur. Daté de 1538 et probablement
sculpté par Daniel Mauch, cet ouvrage
entièrement en pierre fut déplacé
peu avant la construction de l’orgue.
Transformé
en 1669 par André Séverin
qui fut enterré à Saint-Jacques,
(comme en atteste la pierre tombale conservée
dans le narthex), l’orgue fut entièrement
reconstruit par Arnold Clerinx en 1854 qui
sacrifie les quatre grands volets et supprime
les dos de l’instrument pour y loger
de plus grands sommiers et une quarantaine
de jeux. Au milieu du vingtième siècle,
l’orgue se trouvait dans un état
poussif qui était loin de satisfaire
le titulaire d’alors, Pierre Froidebise,
qui multiplia en vain les démarches
en vues d’une restauration.
Le
très mauvais état de conservation
des éléments Clerinx et le
non-respect des dimensions de la caisse
de résonance des buffets incitèrent
les restaurateurs à rejeter l’éventualité
d’un retour à l’orgue
du XIXe siècle. Restaient alors deux
possibilités : la reconstruction
d’un orgue de type Séverin
ou le retour à l’instrument
d’origine de la fin du XVIe siècle.
C’est cette dernière solution
qui fut retenue étant donné
le bon état de conservation des magnifiques
buffets d’orgue et l’intérêt
majeur pour le paysage d’orgues de
Liège et de la Wallonie de pouvoir
compter un instrument de ce style.
Les
travaux de reconstruction ont été
menés de main de maître par
la Manufacture d’orgues Schumacher
de Baelen et conduits par l’excellent
spécialiste néerlandais Koos
Van de Linde et par l’organiste titulaire
Pierre Thimus.
Le buffet est typique pour l'époque
: très haut, relativement large et
très peu profond. La hauteur considérable
du grand corps (la tourelle centrale mesure
5,81 m) a permis d'envisager un instrument
à trois claviers manuels, comprenant
Hauptwerk, Oberwerk, Rückpositiv et
un pédalier indépendant.
La console a retrouvé ses dimensions
originales et comprend les trois claviers
manuels recouverts de buis et d’ébène.
En
l’absence de toute indication concernant
l’instrument d’origine, la composition
de l’orgue a largement bénéficié
des travaux de recherche de Jan Van Biezen
et Koos Van de Linde sur de nombreux orgues
du XVIe siècle au Pays-Bas et ailleurs.
Le
clavier du Hauptwerk comporte essentiellement
les jeux de principaux, avec des doublures
typiques à partir de la tessiture
de 4' pour les principaux de 16', 8' et
4'. La Mixtur et le Scharff découlent
encore directement de la conception caractéristique
du Blockwerk gothique. Le « plenum
» du Rückpositiv est organisé
selon les mêmes principes. Les principaux
du Oberwerk possèdent les mêmes
doublures. Toutes les flûtes sont
de taille large et se fondent admirablement
entre elles. Les jeux d'anches sont particulièrement
caractéristiques des recherches de
sonorité de l'époque Renaissance.
Le
choix du tempérament mésotonique,
le plus répandu jusqu’au 17e
siècle, est la conséquence
logique et indispensable de l'option d’esthétique
sonore.
Texte : Pierre Thimus |